Qui est Jonathan Rassi, le chef à l’origine de l’application FineTable?

Jonathan Rassi, chef cuisinier local et professeur à l’ITHQ (Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec) à Montréal, est le cofondateur d’une nouvelle application pour les épicuriens appelée FineTable. Nous nous sommes assis (virtuellement) avec Jonathan pour en savoir plus sur son parcours d’entrepreneur et sur son passionnant nouveau projet. 

Parlez-nous un peu de vous.

JR: Je suis né et j’ai grandi à Montréal. J’ai travaillé en restauration pendant plus de 15 ans avant de venir enseigner à l’école de cuisine. J’ai voyagé pour mon travail et j’ai occupé tous les postes possibles en cuisine. J’ai même été à la tête de plusieurs restaurants. 

Quels ont été vos premiers pas dans le secteur alimentaire?

JR: Mon père était psychologue, mais il a changé d’orientation et est devenu restaurateur. Quand j’avais environ 15 ans, j’aidais à son restaurant. Un jour, un cuisinier ne s’est pas présenté, et nous étions dans le pétrin parce que c’était très occupé. Alors, j’ai mis les pieds dans la cuisine pour donner un coup de main et je n’en suis jamais ressorti.

Avez-vous fait des études en cuisine?

JR: Oui. Je suis allé à l’université pendant plusieurs années, tout en continuant à travailler en cuisine. Éventuellement, j’ai réalisé qu’il manquait beaucoup de cordes à mon arc parce que je n’avais pas étudié la cuisine. Il me restait une année à faire avant d’obtenir mon baccalauréat quand j’ai commencé à fréquenter l’école de cuisine où j’enseigne maintenant. 

Qu’est-ce que vous étudiez quand vous avez changé de cap?

JR: J’étudiais la sociologie, juste pour faire plaisir à mon père. Il voulait que j’aille à l’université, alors j’ai décidé d’étudier quelque chose de facile, mais ça ne m’intéressait absolument pas.

Quels sont les meilleurs restaurants pour lesquels vous avez travaillé?

JR: À Montréal, j’ai travaillé comme chef pour Park, Les 400 Coups, Le Quartier Général, Kitchen Galerie Poisson…

Au début de ma vingtaine, j’ai travaillé au Meadowood, un restaurant trois étoiles Michelin dans la Napa Valley. À l’époque, j’étais à Montréal et j’avais marre de tout. J’ai postulé à des postes dans le monde entier, et le Meadowood a été le premier restaurant à répondre. Alors j’ai fait mes bagages et j’ai conduit jusqu’en Californie. 

Qu’est-ce qui a donné lieu à la création de l’application FineTable?

JR: De toute évidence, l’une des industries les plus durement touchées par la pandémie a été celle des aliments et des boissons. Et cette industrie est toute ma vie. Voir tout le monde souffrir m’a donné envie de trouver un moyen d’aider les chefs et les restaurateurs à se remettre sur pied.

J’ai eu l’idée de créer une plateforme où les chefs et les restaurateurs pourraient briller, une application où on ne leur couperait plus l’herbe sous le pied. Contrairement aux autres grandes applications qui exigent un pourcentage du restaurant ou du chef, j’ai décidé qu’avec notre application, c’est la clientèle qui paierait un léger supplément. 

En quoi cette application diffère-t-elle d’Uber Eats ou de SkipTheDishes?

JR: C’est un peu comme comparer des pommes et des oranges. Si j’ai faim en ce moment, je peux aller sur Uber Eats et commander une pizza à 5 $ et l’avoir à ma porte en une heure. FineTable est une expérience. Voilà ce que nous proposons : des expériences. Les événements FineTable sont planifiés. C’est comme faire une réservation dans l’un des meilleurs restaurants de la ville, mais chez vous. 

En quoi FineTable diffère-t-elle d’un service de traiteur à domicile ou d’un chef personnel?

JR: C’est essentiellement la même chose, mais nous créons une plateforme qui touchera une clientèle beaucoup plus vaste et offrira une très grande sélection de chefs. 

Toutes les transactions et communications passeront par notre plateforme, ce qui facilitera grandement la réservation d’un chef. Sur FineTable, vous pourrez voir des photos et des descriptions de toutes les expériences et les créneaux horaires. En outre, elle propose un mode de paiement simple. Il s’agira d’un guichet unique où vous trouverez tout ce qu’il faut pour un repas à domicile.

Quel est l’avantage pour les chefs avec lesquels vous espérez travailler?

JR: Notre objectif est d’avoir un grand bassin d’utilisateurs, donc ils pourront élargir leur clientèle. Contrairement à d’autres plateformes, la nôtre vise à soutenir les chefs et les restaurateurs, de sorte que le prix qu’ils fixent sera essentiellement ce qu’ils reçoivent. De plus, quand l’entreprise grandira, nous créerons des cuisines fantômes que les chefs et les restaurateurs pourront louer. Nous allons également offrir des garanties en ce qui concerne les annulations et la qualité pour le client et pour le chef. 

Sur le plan financier, comment FineTable sera-t-elle rentable?

JR: Pour l’instant, le projet est petit. Notre but n’est pas de faire de l’argent. Nous voulons juste faire décoller le projet et faire en sorte que tout le monde y trouve son compte.

À mon avis, les gens ne paient pas assez pour la nourriture et les boissons qu’ils consomment, et les personnes qui souffrent vraiment sont les chefs et les restaurateurs… Nous essayons de, je ne veux pas utiliser le mot révolutionner, mais… nous essayons de donner un coup de main au secteur et de changer certains comportements qui ont la vie dure.

Quelle est votre vision pour l’avenir de la restauration au Québec? Cette application fait-elle partie de cette révolution, de cette tentative de changer le secteur?

JR: Je pense que oui. Les restaurants et les bars existeront toujours, mais je pense qu’il y a un marché pour notre produit. Les gens aiment être chez eux, qu’on s’occupe d’eux. Ils ne veulent pas se soucier de la circulation routière et du stationnement, ou s’empêcher de prendre un verre de vin supplémentaire. Il y a de nombreux avantages à ce type de service à domicile.

Comme la pandémie tire à sa fin et que la vie reprend son cours, quel est, selon vous, le rôle de FineTable dans ce retour à la normale?

JR: Revenir à la normale va prendre du temps. Oui, la vie reprend son cours, mais ce que les gens ne réalisent pas, c’est que la distanciation physique est encore en vigueur. Les restaurants ne peuvent pas rouler à plein régime. Avec FineTable, les restaurants peuvent facilement envoyer un chef chez quelqu’un pour gagner un peu plus d’argent.

Mais indépendamment de la pandémie, je pense que notre produit a sa place sur le marché. FineTable pourrait être l’application par excellence pour une fête. Elle pourrait être offerte en cadeau. Les possibilités sont infinies. C’est pourquoi nous sommes si fébriles à l’idée de la lancer.